LE FRONT POPULAIRE A-T-IL VOTÉ LES PLEINS POUVOIRS ?

Non…

D’accord, je vais faire un effort.

Par historicair 23:19, 1 November 2006 (UTC) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1331777

LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS N’EST PAS L’ASSEMBLÉE NATIONALE

La IIIe République, comme les deux qui la suivent, est bicamérale.
La chambre des députés, élue au suffrage direct (pas universel, dans la mesure où les femmes n’ont pas le droit de vote), c’est celle où, aux législatives d’avril mai 1936, le Front Populaire obtient la majorité.
Le sénat, élu indirectement par des grand électeurs, est traditionnellement plus conservateur. Le sénat ne suit pas le mouvement de 1936. Par deux fois, il fait chuter le gouvernement Blum.
Or les votes des 9 et 10 juillet 1940, ayant pour objectif une réforme constitutionnelle, rassemble les deux chambres. En tout, un peu plus de 900 élus.
Les sénateurs représentent un tiers de cet électorat.
Parmi les parlementaires, manquent 176 élus : 61 députés communistes ont été déchus en janvier 1940 après l’interdiction du parti de septembre 1939. 27 députés sont en Méditerranée à bord du paquebot Massilia dans une tentative de rallier Casablanca, dans l’objectif de poursuivre la guerre depuis les colonies. Ils ont fait parvenir un télégramme à Vichy mettant en cause la légitimité de la démarche du gouvernement.
18 députés sont sous les drapeaux : 2 ont été tués au combat, 15 sont prisonniers, le dernier, Gaston Monnerville, est à Mers el Kebir.
4 députés sont déjà à Londres. 2 autonomistes alsaciens sont en détention.
11 sont « excusés ».
Les autres ne sont pas en mesure de rejoindre Vichy ou n’ont pas cherché à le faire.
Sur 846 inscrits, ne restent que 649 suffrages exprimés. Dont 80 qui votent contre. Et 20 qui s’abstiennent.

La représentation nationale est amputée de plus du quart.

Les 80 qui votent contre sont députés pour les 3/4 d’entre eux (67 députés et 23 sénateurs). Près de la moitié (37) sont de la SFIO, ce qui n’empêche pas 85 autres députés de la SFIO de voter pour avec 107 radicaux socialistes. La gauche et le centre gauche ont donc apporté leur contribution aux pleins pouvoirs de Pétain : à peu près la moitié des voix pour. Il a bien fallu que centre droit, droite et extrême-droite contribuent.

LE FRONT POPULAIRE N’EST PLUS

En juillet 1940, cela fait presque 3 ans que l’unité créée en 1934 a explosé. Et la présidence du conseil par Daladier, du Parti Radical, à partir d’avril 1938, est un véritable virage au centre droit, revenant notamment sur plusieurs conquêtes du Front Populaire, dont les 40 heures.
Donc en juillet 1940, les députés qui ne sont pas absents sont toujours là (excusez cette lapalissade). Mais les coalitions ont changé.

Il y a dans le lot, comme toujours, un certain nombre d’opportunistes, un peu moins fidèles à une ligne de parti quand celle-ci n’a plus le vent en poupe.

Quant à la situation, elle est confuse. Le pays est en état de choc. Ceux qui arrivent de Bordeaux y ont vu des vagues de réfugiés venir s’y échouer en dernier recours. La capacité de logement de la capitale girondine est plus que dépassée. Les réfugiés y cherchent du pain, de l’eau, un toit.
Les parlementaires ramenés à Vichy se retrouvent, comme le dit Blum, coincés entre les forces allemandes à Moulins et françaises à Clermont-Ferrand.

LE LIMOUSIN DANS TOUT ÇA ?

Léon ROCHE, député SFIO de la Haute-Vienne, vote contre les pleins pouvoirs.

Le « Limousin » – il n’existe pas administrativement – compte douze députés et six sénateurs présents à Vichy le 10 juillet.
Un député creusois est prisonnier de guerre.
Un député creusois et un haut-viennois sont absents sans raison connue.
Un sénateur s’abstient, Henri Queuille pour la Corrèze. Après un temps de repli, il rejoint De Gaulle à Londres, sur invitation de celui-ci, en 1943.
Tous les élus creusois, trois députés et deux sénateurs, votent les pleins pouvoir. Un sénateur et trois députés les imitent pour la Corrèze. Cinq font de même pour la Haute-Vienne, dont Léon Betoulle, sénateur maire de Limoges.
Trois élus seulement s’opposent aux pleins pouvoirs : le sénateur radical-socialiste François Labrousse et le député radical Jean-Alexis Jaubert pour la Corrèze, le député SFIO Léon Roche (aucun lien) pour la Haute-Vienne. Labroousse et Roche, tous deux surveillés, s’engagent tous deux dans la clandestinité : Roche à la réactivation clandestine de la SFIO, Labrousse devra prendre le maquis à un age avancé pour échapper aux recherches.
Pour rappel, les élus communistes ne sont plus en fonction, comme le député de l’arrondisement d’Ussel, en Corrèze, Marius Vazeilles, qui est en détention.

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